Partager

Inventorier les coléoptères saproxyliques pour mieux comprendre l'évolution de notre biodiversité

Le Parc national des Cévennes comprend de nombreux groupes thématiques : mammifères, chiroptères, orthoptères... ils sont chargés d'étudier ces espèces afin d'accroître les connaissances sur le patrimoine naturel du territoire.

Parmi eux, le groupe « coléoptères* saproxyliques**» réalise, en plus de la détermination, un travail minutieux et crucial : la mise en boite de ces petites bêtes.

 

* coléoptère (du grec coléo : fourreau et ptère : aile) : ils se distinguent des autres insectes notamment par leur paire d'ailes qui a durci au gré de l'évolution pour les protéger. Parmi les plus connus : scarabées, coccinelles, hannetons ou encore charançons.

** saproxylique (du grec sapros : pourri et xulon: le bois) : espèce dont la vie est liée au vieux bois : champignons, vers, pics, chouettes, araignées, escargots...

 

Des insectes indicateurs des vieilles forêts

14990_bd.jpg
Rosalie des alpes   © Gaël Karczewski Parc national des Cévennes

Les coléoptères sont le groupe d'insectes qui compte le plus d'espèces. On en dénombre plus de 11 000 en France. Parmi eux, plus de 2500 sont saproxyliques.

La capture et l’étude de ces coléoptères saproxyliques est fascinante car ils permettent de connaître la diversité biologique d'une forêt.  En effet, chacun de ces insectes est lié à un arbre et à son état de décomposition. Dans les forêts anciennes et diversifiées, on trouve donc une grande variété de coléoptères saproxyliques qui jouent un rôle crucial notamment en transformant la lignine (un des principaux composants du bois) en terreau.

Dans les forêts, on estime qu'un quart des espèces présentes dépendent du vieux bois, bois mort ou dépérissant.

On comprend alors tout l'intérêt de laisser vieillir une forêt pour conserver une biodiversité riche et interdépendante !

 

 

Un protocole de capture méticuleux et précis

 

Plusieurs méthodes existent pour capturer ces coléoptères.

La plus commune consiste à poser des "pièges à interception" qui permettent de les faire tomber dans un liquide conçu pour les conserver. Dans le Parc national des Cévennes, les agents relèvent ces pièges tous les 20 jours de mi-avril à fin octobre.

 

piege_4.jpg
Exemple de piège à interception © Emilien Herault - Parc national des Cévennes

 

Une autre méthode consiste à les surprendre de nuit avec une lampe et à les capturer manuellement. Les méthodes qui dégradent les habitats ou qui sont trop impactantes pour les milieux sont bien évidemment écartées. La diversification des méthodes permet de disposer d'un éventail le plus large possible (certaines espèces échappent par exemple aux pièges à interception).

Ensuite des tris par familles puis par espèces sont réalisés. Les pièges ne capturent pas seulement des coléoptères saproxyliques. Afin de maximiser les captures, la plupart des autres espèces piégées sont étudiées. Les punaises (hétéroptères) sont par exemple envoyées à un spécialiste du Muséum qui les identifient. Les araignées, opilions, chrysopes, fourmis ou encore les abeilles-bourdons sont quant à eux envoyés à des naturalistes particuliers ou à des structures comme le CEN Occitanie.

L'impact de ces prélèvements sur les populations d'insectes a été étudié par les scientifiques et il est considéré comme négligeable.